Coach superviseur, spécialiste du leadership et de la mixité en entreprise, Flavienne Sapaly pense que les femmes ont un rôle à jouer pour faire évoluer la culture patriarcale de nos organisations. Elle nous explique pourquoi.

Pourquoi, selon vous, les femmes promues ne restent pas dans les comités de direction ?
Flavienne Sapaly : « Les lois masculines de performance et de pouvoir du monde économique, ça ne fait pas rêver ! », c’est le retour que me font beaucoup de femmes que j’accompagne lors de mes séminaires et coachings. Et ce n’est pas un manque d’ambition ! Appartenir à un comité de direction est perçu comme un sacerdoce, où l’on doit se battre, se montrer fort, parfois se sacrifier, au prix d’une vie personnelle dégradée. Beaucoup de femmes brillantes préfèrent se mettre à leur compte en ce moment et trouvent qu’elles ont plus d’impact en agissant depuis l’extérieur de l’entreprise.

La période Covid, avec un recours beaucoup plus massif au télétravail, peut-elle changer les choses ?
Flavienne Sapaly : Oui, je le pense. Au-delà du télétravail, c’est notre rapport au travail qui a évolué avec cette crise : concilier vie personnelle et professionnelle devient plus réaliste grâce à de nouveaux modes de collaboration plus écologiques pour soi et l’environnement. Les femmes y sont particulièrement sensibles et veulent « prendre soin » de leur équilibre. C’est le début d’une révolution en marche sur la place du travail dans nos vies.

Les femmes puissantes font-elles peur à certains ?
Flavienne Sapaly : Hélas ! Je suis toujours sidérée d’entendre qu’une femme sûre d’elle est considérée comme « orgueilleuse et distante » tandis qu’un homme sûr de lui est « protecteur et charismatique. » Pour ne pas faire peur, les femmes doivent trouver un équilibre entre l’énergie d’action dite plus masculine et l’énergie d’accueil du sensible dite plus féminine. Grâce aux échanges entre elles sur ces questions de « pouvoir » et de « puissance », je vois qu’elles s’autorisent à promouvoir de nouvelles formes de rapports humains dans l’entreprise.

Vous dites que paradoxalement, dans un monde en mutation, les femmes rassurent ?
Flavienne Sapaly : Oui. J’observe un effet « waouh » quand une femme embarque autour de ses convictions, tout en parlant d’elle avec authenticité. La clé n’est pas de correspondre aux modèles prônés par la société, ni au marketing des réseaux sociaux. Oser sa vérité et être à sa place a un puissant impact dans la mutation vers un monde plus humain, sensible et respectueux des spécificités de chacun. Les gens en ont grand besoin.